En l’espace d’une semaine, Kimberley Alphonse, entraîneur des gardiens des équipes de jeunes à l’US Orléans et éducateur, a été victime d’injures racistes et ensuite d’une aggression physique par des membres de la direction du club. L’affaire a été révélée par la République du Centre qui a recueilli son témoignage.
Les injures racistes, survenues le 10 mars dernier, ont eu lieu dans un bureau du club où Kimberley Alphonse se rendait. Elles ont été prononcées par le secrétaire général du club, Gwenaël Le Bellec.
« Oh non, pas lui ! On a notre quota de noirs, c’est bon tu peux rentrer. » Propos de Gwenaël Le Bellec rapportés par Kimberley Alphonse dans La Rép’
Du racisme sous couvert d’humour, prononcé devant deux membres du staff de l’USO.
Ensuite, c’est le 17 mars qu’une aggression a eu lieu après un match des U17. Cette fois-ci c’est le président délégué, Christophe Monteiro, qui s’en est pris à l’entraîneur devant des témoins sidéré•es.
« Il m’a pris par la gorge et le bras en me disant: “Tu te tais, je ne veux pas t’entendre !” » Kimberley Alphonse dans l’article de foot.national.com, le 26/03/2025
L’éducateur a démissionné face a l’omerta du club et les pressions subies alors qu’il a signalé ces deux incidents. Il a saisi le défenseur des Droits et a porté plainte.
Quelques jours après l’article de La République du Centre, le photographe du club “Dem l’artiste” suivi par 40.000 personnes sur instagram, a montré son soutien à la victime sur les réseaux sociaux. Le club a alors décidé de résilier brutalement leur collaboration.
La mise en lumière de cette situation par la presse locale a suscité la colère du club de football qui a publié un communiqué très virulent à l’encontre des rédactions le 2 avril.
« l’US Orléans déplore une nouvelle fois les attaques des médias à l’encontre pour déstabiliser le club. L’US Orléans s’étonne vivement qu’un tel sujet puisse intéresser la presse » Communiqué de l’USO du 2 avril 2024
C’est ensuite dans la partie suivante du communiqué que le club a menti.
« La décision de stopper la collaboration avec un de ses prestataires n’a aucun lien avec le soutien apporté aux propos tenus par un éducateur.
[…] cette décision de mettre fin à la convention de partenariat avait été prise bien en amont des éléments relatés dans les deux articles.»
Communiqué de l’US Orléans, 02/04/2025
La rédaction d’ici Orléans a répondu à ce communiqué en rappelant que la direction du club, par l’intermédiaire du directeur général Reynald Berghe, avait auparavant eu un discours complétement inverse.
« Selon ses mots [ceux de Reynald Bergh], la publication du photographe sur ses réseaux sociaux a été perçue comme un ‘manque de respect’ et cette fin de collaboration a été décidée afin de ”préserver l’institution“. »
Ici Orléans dans un article du 03/04/2025
Un courrier, signé par le directeur général de l’USO lui-même, à destination du photographe est une pièce supplémentaire qui prouve les mensonges du club dans son communiqué.
« Vos dernières prises de position sur les réseaux sociaux à l’encontre du club ont attiré notre attention et nous ont particulièrement surpris. […] ces réactions publiques ne semblent pas en phase avec le respect et le devoir de réserve que nous nous devons mutuellement […] Par conséquent, nous ne ferons plus appel à vos services à compter de ce jour »
Courrier de l’Us Orléans reçu par Dem l’Artiste le 21/03/2025
La réaction du club de football de l’US Orléans illustre la façon dont les organisations, une fois acculées par des accusations graves, mettent en place une omerta et des pressions pour protéger leurs intérêts, aux détriments des victimes, jusqu’à mentir éhontément publiquement.
Des cas similaires arrivent tous les jours, et finissent par éclater au grand jour :
Racisme en tribune ou entre joueurs,
Quotas de l’équipe de France en 2011,
Willy Sagnol et ses représentations de joueurs nordiques « intelligents et disciplinés » et les joueurs africains « physiques et puissants »
Etc.
Bernard Casoni, ancien entraineur de l’US Orléans, avait été limogé en novembre 2023 après avoir tenu des propos racistes. Le club a attendu qu’il ai des propos racistes publics pour le faire. Il a été condamné en justice pour injures publiques à caractère raciste début 2025.
« Les joueurs ne sont pas plus cons que des Maghrébins, hein… »
Bernard Casoni en conférence presse le 21/09/2023
Ces événéments montrent le caractère systémique du racisme dans le monde du football, tant sur le plan professionnel qu’amateur et comme dans le reste de la société.
Des représentations racistes conduisent à des violences symboliques, verbales, parfois physiques au sein des clubs et lors des matchs.
Une fois ces affaires révélées, on constate le plus souvent une omerta et des pressions pour étouffer les scandales. Quand cela est rendu public s’ajoute le déni, la protection de ses intérêts, le silence, voir même l’agressivité.
En tant que média, nous précisons qu’aucun organisme d’une quelconque nature ne peut juger de la pertinence par des médias d’informations de traiter un sujet touchant des actes racistes, encore plus quand il est concerné par les faits rapportés.
À ce jour, l’US Orléans n’a toujours pas communiqué sur des mesures prises à la suite des événements survenus ces dernières semaines. La direction du club s’est contentée de nier, protéger ses intérêts en étouffant l’affaire, exercer une pression sur la victime, cesser sa collaboration avec un soutien de la victime et enfin attaquer la presse locale qui a rapporté ces faits.